La Guerre des Russes blancs by Jean-Jacques Marie

La Guerre des Russes blancs by Jean-Jacques Marie

Auteur:Jean-Jacques Marie
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Tallandier
Publié: 2017-06-14T16:00:00+00:00


Le gouvernement britannique divisé

Les Anglais apportent un moment un soutien militaire direct à l’opération que Ioudenitch prépare sur Petrograd. Dans la nuit du 17 au 18 août, sept vedettes anglaises effectuent un raid sur Cronstadt, torpillent trois vedettes russes et endommagent sérieusement plusieurs des navires de la flotte de la Baltique. Puis l’aviation britannique bombarde Cronstadt et le fort de Krasnaia Gorka. Mais le gouvernement britannique se divise sur ce soutien. Le ministre de la Guerre, Winston Churchill, en est un fervent partisan, mais le Premier ministre, le libéral Llyod George, se montre aussi sceptique sur les capacités militaires de Ioudenitch lui-même que sur les promesses de son entourage, et déclare alors : « Je crois que le cabinet n’admettra pas que l’on entraîne l’Angleterre dans une quelconque nouvelle action militaire en Russie. […] En ce qui concerne les “énormes possibilités” de s’emparer de Petrograd, qui, nous dit-on, “est presque dans nos mains”, et que nous ne pouvons jamais saisir, nous avons trop souvent entendu parler d’autres “énormes possibilités en Russie”, qui ne sont jamais réalisées, malgrés les généreuses dépenses effectuées pour leur réalisation. Durant cette seule année, nous avons déjà dépensé plus de cent millions de livres pour la Russie. » C’est peut-être ce qui pousse le commissaire du peuple aux Affaires étrangères soviétiques, Tchitchérine, à proposer par radio, le 31 août, des négociations de paix aux Estoniens, qui ne répondent d’abord pas.

Deux mois plus tard il affirme encore plus nettement son rejet d’un règlement militaire, à ses yeux impossible, de la guerre civile : « Je ne regrette pas, déclare-t-il dans un discours cité par Denikine, l’aide que nous avons fournie à la Russie, mais nous ne pouvons dépenser d’énormes moyens pour participer à une guerre civile sans fin. » Et il tire des événements une conclusion que rejettent alors tous les chefs blancs : « Le bolchévisme ne peut être vaincu par les armes [souligné par moi] ; il nous faut recourir à d’autres moyens pour rétablir la paix et modifier le système de gouvernement de la malheureuse Russie2. » Ces autres moyens que le Premier ministre anglais n’explicite pas sont d’abord la pression économique et commerciale, qui s’avérera efficace au bout de plusieurs décennies, mais les chefs blancs ne peuvent ni ne veulent attendre une échéance aussi incertaine.

Le 20 août, après l’évacuation de la région de Lettonie autour de Mitava par les derniers soldats allemands, Bermont y prend le pouvoir et constitue un fantomatique gouvernement russe de l’Ouest, présidé de juillet à septembre 1919 par l’ancien commandant des forces armées de l’hetman Skoropadski en Ukraine, Vassili Biskoupski. Dans un appel aux habitants de la région, il déclare : « Mon armée marche au combat contre l’ennemi acharné des peuples, les bolcheviks, avec lesquels des gens malintentionnés s’efforcent de signer la paix. Je marche pour libérer la Russie des bolcheviks et de leur joug3. » Dans une interview accordée à un journal hollandais à cette époque, il affirme que son armée rassemble vingt mille hommes qui, prétend-il, « sont le noyau d’une future armée de plusieurs centaines de milliers d’hommes4 ».



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